Eglise Saint-Pantaléon

L’église Saint-Pantaléon est l’un des joyaux de Troyes. Tous les arts y sont présents et concourent à sa beauté : son architecture élégante et lumineuse, ses vitraux en grisaille, sa collection de sculptures du XVIe siècle, ses tableaux représentant la vie de saint Pantaléon peints par Carrey en 1720. L’oratoire en pans de bois et torchis initial a laissé la place à une première église en pierre qui, à peine terminée, a été en partie détruite par l’incendie dramatique de 1524. Du début de sa reconstruction en 1527 à son achèvement en 1745, les travaux se sont déroulés en deux grandes étapes : la première, de 1527 à 1558 a vu la construction des parties basses ; l’élévation des parties hautes est datée de 1635 à 1676 ; la façade est du XVIIIe siècle. La durée de ces travaux reflète la situation économique dramatique du XVIIe siècle et les problèmes financiers qui se sont posés pour mener l’œuvre à son terme.La réalisation des vitraux a suivi les diverses phases du chantier. Les baies basses ont été vitrées entre 1531 et 1545 environ. Les vitraux sont peints en grisaille brune rehaussée de jaune d’argent sur du verre blanc, à l’exception de l’Histoire de la croix et des armoiries des donateurs. Cette absence de couleur marque un tournant décisif dans la peinture sur verre troyenne qui se caractérisait par une coloration vive. Le changement est aussi stylistique. Le dessin, libre, de la main d’un seul artiste (peut-être Jean I Macadré ou son fils Jean II) met en évidence une connaissance de l’art de la Renaissance italienne : retour à l’antique de certains profils ou de vêtements comme les toges, expressivité de quelques visages et postures, réalisme de plusieurs attitudes. Malgré ces nouveautés, les compositions en petites scènes distribuées en registres horizontaux prédominent. L’iconographie, conforme à la liturgie de la messe (Passion, Histoire de la Croix, Vie de la Vierge, Souci du Jugement dernier), montre aussi le rôle du clergé dans le choix des thèmes : l’Immaculée Conception de la Vierge ou la Bataille de saint Jacques à Clavijo sont sous-tendus par le désir des autorités ecclésiastiques de renforcer l’autorité de l’Eglise à une époque où les idées de la Réforme montent.Les immenses verrières hautes, avec leurs grands personnages peints en grisaille sur fond blanc dans le chœur et leur vitrerie entièrement incolore dans la nef, laissent entrer la lumière à flot et donnent toute sa clarté à l’édifice.